Passons d'abord au stockage des matières premières, lieu de rencontres internationales : en effet, des matières en provenance de l'hexagone sont utilisées, mais, aussi en provenance de différents pays. Des kaolins de notre Bretagne rencontrent ceux de leur lointaine cousine la Grande-Bretagne, ainsi que d'autres argiles anglaises jouxtant celles du Périgord ou d'Indre-et-Loire, les sables de Compiègne et ceux de la Loire ; un autre kaolin d'Espagne voisine avec les feldspaths du Portugal tout près de leur froide voisine la syénite de Norvège ; l'alumine de Marseille termine cette promenade dans l'important stock.

Argiles, kaolins, feldspaths, quartz, un peu d'alumine et de syénite, telles sont les différentes matières qui serviront à l'élaboration de la pâte à porcelaine ; 350 tonnes de matières sèches sont traitées chaque mois. Les matières possédant la finesse suffisante et nécessaire au mélange sont délayées violemment dans l'eau ; c'est l'opération de « délitage ». Les composants plus durs : sables, feldspaths, alumine et autres silices sont broyés dans des broyeurs dits « cylindres Alsing ». Le broyeur est un gros tambour rotatif horizontal dont la paroi intérieure est revêtue de pavés de silex taillés. Le broyage proprement dit s'effectue par le rude contact de galets de mer qui s'entrechoquent avec les matières à broyer durant la rotation du cylindre. La durée moyenne du broyage est d'environ 16 heures. Les matières délitées et broyées sont ensuite mises en suspension dans de grandes cuves de mélange et stockées jusqu'à leur utilisation.

L'opération suivante est très importante pour la qualité de la pâte et notamment sa blancheur. Le mélange pompé est entraîné vers un tamis vibrant qui gardera toutes les impuretés de taille supérieure aux mailles du tamis (120 microns), puis il continuera son écoulement vers les peignes d'un déferreur (électro-aimant) qui retiendra les particules ferreuses : celles qui jaunissent la pâte ou qui donnent parfois de vilaines taches jaunâtres ou brunâtres. La pompe continuera son travail de transfert du liquide vers la phase du « filtre-pressage », système permettant d'évacuer rapidement l'eau de la pâte liquide .et l'obtention de galettes de pâte de consistance ferme (galette pesant environ 22 kg à 20-25 % d'humidité).

Les matières premières ayant été choisies auparavant suivant leurs qualités de plasticité (pour la pâte de calibrage) ou de coulabilité (pâte de coulage), la formulation des pâtes obtenues est très différente et après le filtre-pressage, deux lignes de préparation se présentent.

Celle de la pâte de coulage et de là, les galettes sont dirigées vers des cuves de délitage, agitées avec un minimum d'eau et l'adjonction de défloculents (par exemple silicate de soude ou dérivés sodés). Ces galettes deviendront la « barbotine » liquide onctueux, à une densité d'environ 1,750 kg au litre, qui servira à fabriquer les pièces dites de formes complexes (ex. : théières, pots, jattes, terrines). La barbotine sera envoyée sous pression dans les ateliers de fabrication.

Celle de la pâte de calibrage. Les galettes venant d'être filtre-pressées sont acheminées vers un malaxeur-désaéreur (travaillant sous vide). Ce malaxeur restitue la pâte au travers de buses cylindriques (de différents diamètres, suivant les pièces qui devront être fabriquées) sous forme de boudins, c'est-à-dire de rouleaux de pâte. Un stockage est ensuite réalisé en caveau humide afin de garder toute la consistance et l’humidité nécessaires à un bon travail sur une machine, car ces boudins ne seront peut-être pas employés immédiatement. La quantité mensuelle de pâte humide (coulage et calibrage) produite par l'atelier pâte est d'environ 700 tonnes/mois.

De la qualité des matières premières choisies, de la préparation longue et minutieuse avec un maximum de soins et de propreté dépend en partie la qualité intrinsèque du produit fini. Pour une entreprise comme la nôtre ; produire sa propre pâte, cela depuis la création de l'entreprise, suivant des formules bien étudiées et contrôlées quotidiennement par notre laboratoire, est un critère de crédibilité vis-à-vis du client. D'autant que celui-ci sait que cette pâte est adaptée aux usages précis du quotidien pour le culinaire et de la restauration pour les lignes dites de table. Ce souci de qualité, nous le retrouverons dans tous les ateliers de l'entreprise. De la propreté de la pâtes, des machines ou des ateliers à l'étude des gestes des personnels manipulant celle-ci, fragile, dépend la beauté de ces objets blancs ou décorés qui feront l'orgueil de la porcelainerie.

Création, modelage, préparation des pâtes, nous entrons dans le domaine technique de la fabrication qui va nous permettre de connaître et découvrir les tours de mains et les techniques anciennes, les technologies les plus avancées enfin, qui font de notre métier un allié de la tradition ou du modernisme.


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